venerdì 27 marzo 2015

Emma reçoit la lettre de Rodolphe - division en scènes et résumé

EMMA REÇOIT LA LETTRE:
Le valet de Rodolphe consigne la lettre dans le panier à Emma , qui est en train d'arranger le linge avec Félicité.
Emma donne des monnaies au paysan; au même temps il la regarde parce qu'elle paraît trop préoccupée et émois, puis il s'en va, au contraire de Félicité qui reste.
Alors Madame Bovary court dans la salle où elle renverse le panier plein d'abricots pour chercher la lettre, l'ouvre et commence à la lire.

EMMA CHERCHE UN ENDROIT POUR LIRE:
Terrorisée, Emma s'enfuit vers sa chambre. Là elle rencontre Charles, qui cherche en vain à lui parler.
La jeune femme continue à monter les marches en se sentant ivre et s'arrête au second étage devant la porte fermée du grenier.
Ici Emma éprouve à se calmer, mais elle se souvient de la lettre, qu'elle n'ose pas finir.

EMMA ENTRE DANS LE GRANIER:
Dans le granier il y a une chaleur lourde qui étouffe Emma, alors elle va jusqu'à la mansarde close pour tirer le verrou. Par dessus les toits elle regarde d'abord la campagne, puis le village immobile.

EMMA LIT LA LETTRE:
Madame Bovary relit la lettre en éprouvant de la colère et ne réussit pas à comprendre la situation. Elle sente son coeur battre les coups à intermittences inégales dans sa poitrine et elle regarde tout autour d'elle.
Emma comprends que rien la retient et qu'elle est libre. Appuyée contre l'embrasure de la mansarde, elle s'avance en regardant le sol en bas.
En se tenant sur le bord, elle voit le sol osciller et s'incliner; elle voudrait céder et mourir.

EMMA ÉCHAPPE À LA MORT:
Charles appelle sa femme furieusement. Emma réalise qu'elle vient d’échapper à la mort et se sent terrorisée.
Félicité arrive en disant que Charles attende sa femme puisque la soupe est servie.
Emma est désespérée.

martedì 24 marzo 2015

Emma reçoit la lettre de Rodolphe (chap. XIII, pt.2)

Chabrol
Renoir
Tous les deux

Madame Bovary, quand il arriva chez elle, arrangeait avec Félicité, sur la table de la cuisine,
un paquet de linge.
– Voilà, dit le valet, ce que notre maître vous envoie.
Elle fut saisie d’une appréhension, et, tout en cherchant quelque monnaie dans sa poche, elle considérait le paysan d’un oeil hagard, tandis qu’il la regardait lui-même avec ébahissement, ne comprenant pas qu’un pareil cadeau pût tant émouvoir quelqu’un. Enfin il sortit. Félicité restait. Elle n’y tenait plus, elle courut dans la salle comme pour y porter les abricots, renversa le panier, arracha les feuilles, trouva la lettre, l’ouvrit, et, comme s’il y avait eu derrière elle un effroyable incendie, Emma se mit à fuir vers sa chambre, tout épouvantée.
Charles y était, elle l’aperçut ; il lui parla, elle n’entendit rien, et elle continua vivement à monter les marches, haletante, éperdue, ivre, et toujours tenant cette horrible feuille de papier, qui lui claquait dans les doigts comme une plaque de tôle. Au second étage, elle s’arrêta devant la porte du grenier, qui était fermée. Alors elle voulut se calmer ;elle se rappela la lettre ; il fallait la finir, elle n’osait pas.
D’ailleurs, où ? comment ? on la verrait.
– Ah ! non, ici, pensa-t-elle, je serai bien.
Emma poussa la porte et entra.
Les ardoises laissaient tomber d’aplomb une chaleur lourde, qui lui serrait les tempes et l’étouffait ; elle se traîna jusqu’à la mansarde close, dont elle tira le verrou, et la lumière éblouissante jaillit d’un bond.
En face, par-dessus les toits, la pleine campagne s’étalait à perte de vue. En bas, sous elle, la place du village était vide ; les cailloux du trottoir scintillaient, les girouettes des maisons se tenaient immobiles ; au coin de la rue, il partit d’un étage inférieur une sorte de ronflement à modulations stridentes. C’était Binet qui tournait.
Elle s’était appuyée contre l’embrasure de la mansarde, et elle relisait la lettre avec des ricanements de colère. Mais plus elle y fixait d’attention, plus ses idées se confondaient. Elle le revoyait, elle l’entendait, elle l’entourait de ses deux bras ; et des battements de coeur, qui la frappaient sous la poitrine comme à grands coups de bélier, s’accéléraient l’un après l’autre, à intermittences inégales. Elle jetait les yeux tout autour d’elle avec l’envie que la terre croulât.
Pourquoi n’en pas finir ? Qui la retenait donc ?
Elle était libre. Et elle s’avança, elle regarda les pavés en se disant : Allons ! allons !
Le rayon lumineux qui montait d’en bas directement tirait vers l’abîme le poids de son corps. Il lui semblait que le sol de la place oscillant s’élevait le long des murs, et que le plancher s’inclinait par le bout, à la manière d’un vaisseau qui tangue. Elle se tenait tout au bord, presque suspendue, entourée d’un grand espace.
Le bleu du ciel l’envahissait, l’air circulait dans sa tête creuse, elle n’avait qu’à céder, qu’à se laisser prendre ; et le ronflement du tour ne discontinuait pas, comme une voix furieuse qui l’appelait.
– Ma femme ! ma femme ! cria Charles.
Elle s’arrêta.
– Où es-tu donc ? Arrive !
L’idée qu’elle venait d’échapper à la mort faillit la faire s’évanouir de terreur ; elle ferma les yeux ; puis elle tressaillit au contact d’une main sur sa manche ; c’était Félicité.
– Monsieur vous attend, madame ; la soupe est servie.
Et il fallut descendre ! Il fallut se mettre à table !
Elle essaya de manger. Les morceaux l’étouffaient. Alors elle déplia sa serviette comme pour en examiner les reprises et voulut réellement s’appliquer à ce travail, compter les fils de la toile. Tout à coup, le souvenir de la lettre lui revint. L’avait-elle donc perdue ? Où la retrouver ? Mais elle éprouvait une telle lassitude dans l’esprit, que jamais elle ne put inventer un prétexte à sortir de table. Puis elle était devenue lâche ; elle avait peur de Charles ; il savait tout, c’était sûr ! En effet, il prononça ces mots, singulièrement :
– Nous ne sommes pas près, à ce qu’il paraît, de voir M. Rodolphe. 
– Qui te l’a dit ? fit-elle en tressaillant. 
– Qui me l’a dit ? répliqua-t-il un peu surpris de ce ton brusque ; c’est Girard, que j’ai rencontré tout à l’heure à la porte du Café Français. Il est parti en voyage, ou il doit partir.
Elle eut un sanglot.
– Quoi donc t’étonne ? Il s’absente ainsi de temps à autre pour se distraire, et, ma foi ! je l’approuve. Quand on a de la fortune et que l’on est garçon !... Du reste, il s’amuse joliment, notre ami ! c’est un farceur.M. Langlois m’a conté...
Il se tut, par convenance, à cause de la domestique qui entrait.
Celle-ci replaça dans la corbeille les abricots répandus sur l’étagère ; Charles, sans remarquer la rougeur de sa femme, se les fit apporter, en prit un et mordit à même. 
– Oh ! parfait ! disait-il. Tiens, goûte.
Et il tendit la corbeille, qu’elle repoussa doucement.
– Sens donc : quelle odeur ! fit-il en la lui passant sous le nez à plusieurs reprises.
– J’étouffe ! s’écria-t-elle en se levant d’un bond. 
Mais, par un effort de volonté, ce spasme disparut ; puis : 
– Ce n’est rien ! dit-elle, ce n’est rien ! c’est nerveux ! Assieds-toi, mange !
Car elle redoutait qu’on ne fût à la questionner, à la soigner, qu’on ne la quittât plus.
Charles, pour lui obéir, s’était rassis, et il crachait dans sa main les noyaux des abricots, qu’il déposait ensuite dans son assiette.
Tout à coup, un tilbury bleu passa au grand trot sur la place. Emma poussa un cri et tomba roide par terre, à la renverse.